Traversée désertique

Cela faisait trois jours que je marchais dans ce désert de pierres et rochers. Cela faisait longtemps que je n’avais plus vu le moindre bout de verdure, entendu le moindre cri d’oiseau. Mes provisions s’amenuisaient à vue d’œil, et j’étais de plus en plus fatigué, pour ne pas dire exténué. Je pensais sincèrement prendre un raccourci en passant directement par le massif montagneux plutôt que de faire le tour de l’île ; je pensais que moi, je pourrais le traverser et que tous les autres qui ne voulaient pas le faire étaient soit stupides, soit des lâches ; je pensais que ce ne serait qu’une promenade de santé…

Ma réserve d’eau était au plus bas, ma dernière gourde n’était qu’à moitié remplie. Et ce n’est pas faute d’avoir croisé des cours d’eau, mais les relents de soufre en venant m’ont rapidement découragé d’en boire. Ce n’est pas ici que je pourrai me ravitailler, et moins encore en nourriture. Je me demandais, est-ce que ça a bon goût les roches volcaniques ? Est-ce que ça apaise la faim ?

Je ne reconnais rien. Il y a plusieurs reliefs que je ne connais pas. D’habitude, je les vois de loin, mais là, de près, je ne les reconnais que difficilement, et les perspectives que je n’avais jamais vues avant me sont complètement étrangères. Si seulement le soleil n’était pas caché par cet épais nuage de cendres, je pourrais au moins me repérer grâce à lui…

Je crois bien que je suis perdu. Quelle idée m’a pris de traverser les glaciers rocheux éittlandais ?


Texte initialement publié sur supran.fr pour le #DéfiDuLundi 12 suivant le thème sauvage.