Faveur divine

Le sol trembla à nouveau. Tous les soldats se jetèrent un coup d’œil hésitant. Malgré le léger brouillard, tous pouvaient distinguer le sommet de l’Ávalbøllr, lui-même étant entouré de nuages, ne laissant trôner que la partie haute de la montagne, crachant abondamment une épaisse fumée noire, assombrissant en permanence un peu plus le ciel. Le Prince Klæingr ordonna à ce que toutes les lumières soient éteintes. Bjørn se tourna vers Snori.
« Et là, à ton avis, ils trafiquent quoi les dieux, hein ? Ça a pas l’air d’être une manifestation de leur joie, si ? – Tu as raison, les dieux sont agités, et Thor frappe sur son enclume, et nous ressentons le sol secoué par les coups de Mjølnir, et nous voyons les fumées de sa forge qu’il a établie en Midgard, parmi nous. Il est au travail, et il se prépare. – Dans ce cas-là, pourquoi ne faisons-nous pas plus d’offrandes aux dieux ? On en a déjà fait pour la bataille qui arrive contre ces maudits anglais, cela ne leur suffit pas ? – Tu ne comprends vraiment pas, Bjørn ? Les dieux ne préparent pas leur colère contre nous. Ils vont nous aider. Nous sommes les derniers sur ces terres à leur être fidèle, et à les reconnaître comme étant nos dieux véritables. Bien sûr qu’ils vont nous aider ! Avec Thor à nos côtés, on ne fera qu’une bouchée de pain des Anglais venus nous prendre nos terres, et voulant nous imposer leur dieu unique. »
Une voix se fit entendre au travers des rangs. Le Prince hurlait des ordres. Tous se mirent au garde-à-vous. L’armée entière était dans une pénombre pesante et devint rapidement complètement silencieuse. Quelques minutes plus tard, des lumières apparurent de l’autre côté de la plaine. Une. Puis deux. Puis dix. Rapidement, l’armée anglaise était aisément distinguable par tous. Les Éittlandais restèrent silencieux, sans bouger, tandis que les Anglais se mettaient en place. Ils savaient que l’ennemi devait être là, mais où ?
Le Prince commença en chant de gorge le premier vers du chant de guerre de la principauté. Suivi par les hommes autour de lui. Suivis par les hommes autour d’eux. Suivis par toute l’armée. Une fois la première récitation du chant terminée, une seconde repris immédiatement. Tous frappaient du pied en rythme, les soldats armés de haches ou d’épées les frappaient également sur leur bouclier. Et tous chantaient. De plus en plus fort. Klæingr descendit de son cheval et tendit le bras vers un soldat près de lui qui lui donna une lance. Puis, le dirigeant la lança de toutes ses forces en direction de l’armée ennemie. Enfin, il remonta sur son cheval et fit signe d’attaquer. Un cri commun s’éleva de l’armée entière qui se mit à charger vers les Anglais, postés devant eux. Seul Snori resta sur place un instant. Lui seul remarqua sur l’instant ce qui se passait en parallèle de la bataille. Un gigantesque pan de l’Ávalbøllr venait de voler en éclats, et un nuage lourd d’une noirceur profonde dévalait la pente du volcan, allant droit vers la mer. Droit vers la flotte anglaise.
« Thor est avec nous ! »


Texte initialement publié sur supran.fr pour le #DéfiDuLundi 19 suivant le thème volcan.